Laurana avait quitté la maison de son frère le matin même. Etant donné que leurs affaires en cours au village étaient terminées, la jeune voleuse décida de rejoindre ses compagnons de travail directement à la capitale. Elle fit appel à son ptérodactyle et se laissa bercée par la douce brise qu’il y avait en cette journée ensoleillée. Elle adorait cette sensation. Laurana profitait e ces moments de solitude dans les airs pour se remettre en question. Les nouvelles que lui avaient apporté Mathéo embrouillaient pas mal ses pensées. Elle avait du mal à réaliser qu’Ambre Nafril, la meurtrière de son frère Lucian, faisait partie de leur famille…
Elle repensa à cette journée fatidique où elle apprit la mort de son frère.
*La souffrance s’exprime de différentes manières chez les gens. Ma mère n’a pas cessé de pleurer un mois durant ; les frères jumeaux Jack et José ont perdu leur sourire et leur bonne humeur pendant au moins la même durée. Ils arboraient un visage triste et déprimant à longueur de journée. Quant à Mathéo et Killian, devant nous ils ne laissaient rien paraître, se cachant derrière une carapace. Mais quand ils se retrouvaient seuls, ils ne pouvaient plus contenir toute leur souffrance. En ce qui me concerne, j’ai réagit de la même façon que mon frère Noah, le plus jeune des six garçons de la famille. Nous n’avons pas bougé de devant la tombe de Lucian. Une stupide stèle placée juste au-dessus du corps « métallisé » de mon frère. Quand des hommes nous ont ramené cette statue, je n’ai pas pu m’empêcher de hurler. La souffrance qui marquait son visage, cette expression de douleur horrible… Quand j’ai vu ça je m’étais juré de tuer cette maudite chasseuse de primes ! Mais maintenant…*
Laurana soupira. Ambre revenait toujours dans ses pensées, non sans l’énerver.
*Comment dois-je réagir avec elle à présent ? Peut-être que je devrais l’inviter à dîner et qu’au moment du dessert, je lui balance : « Tiens, tu ne connais pas la dernière ? Quand tu as tué Lucian, il se trouve que tu as en fait tué ton cousin. Le monde est petit n’est-ce pas ? »… Je ne pense pas que ça soit la bonne solution. Mais je ne peux plus me permettre de la provoquer ou de lui dire ses quatre vérités en face. Car elle fait partie de ma famille, et j’ai toujours eu pour devise que la famille, c’est sacré. Cependant, si j’essayais de stopper ce conflit, et de faire une croix sur le passé, j’aurais l’impression d’avoir trahi mon frère. Et cette pensée m’est intolérable. Donc qu’est-ce que je fais ?*
La jeune voleuse sourit et baissa la tête. Elle murmura :
C’est pas possible, même sans le vouloir elle arrive à me pourrir la vie. Y’a pas à dire, Ambre Nafril est vraiment très forte… beaucoup trop forte à mon goût.
Quand elle aperçut au loin les bâtiments de la capitale, elle demanda à son ptérodactyle de se poser. Elle finit le reste de la route à pieds. Dans la rue, tout le monde la regardait et chuchotait à son passage. Laurana avait l’habitude qu’on l’observe et qu’on la critique ainsi – quand on est recherché, tout le monde se méfie de vous. Mais aucun n’avait le courage de l’approcher ou de l’arrêter, alors la jeune voleuse n’y prêtait plus vraiment attention. Même, elle regardait les gens en leur adressant un grand sourire.
Elle décida de faire une petite pause au bar, en attendant ses compagnons. Si c’était une bonne journée, alors elle ne croiserait aucun chasseur de primes, mais si elle croisait Ambre Nafril, alors là, la journée s’annonçait vraiment très mauvaise…
Le bâtiment était plein à craquer, il ne restait qu’une place au bar. Une jeune fée était assise à côté de l’unique place vide et cela semblait être un mauvais jour pour elle, étant donné la bouteille de whisky présente sur le comptoir.
Je peux m’asseoir ici ? Ou tu attends quelqu’un ?, demanda-t-elle à la jeune fille.